359°
359°, c’est quand tu crois que tu as fait le tour de la question.
359° c’est avant de te rendre compte que pour maitriser un sujet,
il va falloir en faire plusieurs révolutions, arpenter son périmètre, appréhender ses circonvolutions, infiniment tourner en rond ?
359° c’est avant même de te rendre compte que ce dernier 1° va être plus difficile à parcourir que les 359 premiers, un peu comme une fourmi qui se déplace le long d’un élastique qui se tend au fur et à mesure qu’elle le parcourt. Galilée a dit “Plus j’apprends, plus je me rends compte que je ne sais rien”.
359°, c’est quand tu te rends compte que ça t’a mené à peine 1° plus loin que là d’où tu avais démarré. Et dans le sens opposé à celui dans lequel tu allais au départ ! Tu te dis “Mais alors, aurais-je pu simplement faire un pas en arrière ? Ne me seras-je pas retrouvé ici-même ?”.
En effet, d’un point de vue extérieur, le résultat semble identique, mais n’as-tu rien appris durant ton parcours ? Cette seule constatation ne consiste-t-elle pas déjà en un apprentissage, une conclusion empirique ?
Chanson en rap pour un élève
Chanson a capella pour ***ro ****a,
pour que tu n’oublies pas ce que savoir tu dois !
Viens assieds-toi Pietro, écouter mon intro,
J’te l’demande sans micro, réussis ton interro.
Tu n’veux pas étudier ? D’accord, on va s’clasher !
Moi j’rappe la théorie, ça va être une tuerie.
J’veux qu’tu la saches par cœur, mais tu m’parles que d’rappeurs.
Moi j’te parle d’angles, eh ! J’la f’rai pas en anglais !
Reviens les pieds sur Terre, j’parle d’angles complémentaires
et d’angles supplémentaires, même pas besoin d’l’équerre.
On n’peut rien mesurer, il faut tout calculer,
À eux deux les premiers, ils font nonante degrés.
Au cas où tu l’sais pas, les autres un angle plat,
Mais attends t’en va pas, il y a plus que ça…
Les angles alternes externes, on dirait qu’ça t’consterne,
Pourtant ça te concerne autant qu’alternes internes.
Aie donc du répondant, parle des correspondants,
T’endors pas sur ton banc, on dirait qu’t’es absent.
Ils ont même amplitude, à une seule condition,
C’est une question d’étude : les justifications.
Donc surtout n’oublie pas, que préciser tu dois
Les droites sont parallèles, sinon ton test bat de l’aile.
Maths ou rap ça s’travaille, quand on n’gère pas l’impro
maintenant c’est ta bataille, moi j’ai fait mon boulot !
M. C. Orman
Discours de présentation à un souper de l’école. Jeux de mots avec les maths.
J’ai toujours rêvé de pouvoir faire mon one-man show et voilà qu’on m’offre une scène !
*S’éclaircit la gorge* Est-ce que ça va au niveau du volume ? On m’entend sans problème ? Même sur les côtés ?
Dooooonc … Bonsoir à tous, je m’appelle Valentin Corman. Certains parmi vous me connaissent mieux que d’autres (Salut les navetteurs !),
*petit signe de la main pour faire coucou à l’un ou l’autre d’eux, avec un grand sourire*
car je travaillais déjà l’année passée au CPH Et il se trouve que cette année, j’y suis toujours… mais un peu moins car j’ai désormais 4h à l’IPH et 5h ici même. Les trois écoles de notre centre scolaire circonscrivent le périmètre sur lequel je circule, tout en prenant l’aire lorsque je transite d’une école à l’autre. Bénéficiant parfois, au gré de mes navettes, d’un petit rayon de soleil et de l’occasion de quelques sentir les quelques degrés qu’il fait dehors, j’ai ainsi la chance de voir comment s’inscrit l’apprentissage dans des écoles diamétralement opposées (d’un point de vue géom…graphique, tout au moins !), ce qui me permet d’avoir plusieurs cordes à mon arc.
Ça va, tout le monde suit ? Même les moins matheux d’entre vous ? (provocation) *le public hue* Pourquoi me huez-vous ? Ai-je commis un impair ?
On m’a soufflé qu’il fallait que je me présente à vous, et bien je ne compte évidemment pas me soustraire à cette opération ! Je me produis devant vous ce soir, m’exposant ainsi à dévoiler ma part d’humoriste en puissance, moi que d’aucuns qualifieraient de laconique (bien que je pense que c’est faire une hyperbole).
Si je devais me décrire brièvement, je dirais que dans l’ensemble, je suis quelqu’un de plutôt naturel, d’entier (j’ai mes côtés positifs et mes moments plus négatifs). Je suis très rationnel, j’aime le réel mais j’ai un imaginaire très développé, ce qui fait de moi une personne plutôt complexe.
On me décrit comme une personne très droite, un garçon plutôt cartésien, qui essaie toujours de respecter ses plans. C’est vrai que je suis plutôt ordonné, à l’origine. Mais je ne suis pas borné pour autant et ne me limite pas à mon programme. Il faut parfois donner cours en fonction de la conjecture –euh pardon, je voulais dire conjoncture – actuelle. Les événements dramatiques, dont la fréquence est croissante, font désormais partie de l’équation. Il arrive alors que je dérive sur des sujets parallèles ne cadrant a priori pas avec ma matière. Mais, je ne pense pas que ce soit une perte de temps intégrale. « Quel est le dénominateur commun entre maths et actualité? », me direz-vous. Je vous répondrai, sans perdre une fraction de seconde, qu’un des multiples axes de l’enseignement des mathématiques est d’apprendre à avoir un esprit critique. Le voilà, le rapport !
Je veille ainsi à ce que les jeunes gens qui me sont confiés n’aient pas des raisonnements obtus, mais puissent développer une certaine amplitude de pensée et en complément avoir un regard aigu sur l’actualité. Puissent les maths et nos petites discussions supplémentaires être une base solide, pour prendre un peu de hauteur.
En maths, on définit un vecteur comme une grandeur possédant une mesure, un sens et une direction. Au travers la tâche qui m’est confiée, je suis un vecteur de leur apprentissage et je mesure toute la chance que j’ai. Je voudrais en ce sens remercier la direction, sans laquelle je ne pourrais point partager tout l’enthousiasme mathématique qui bouillonne en moi.
Si je vous dis brusquement que je m’arête là, peut-être allez-vous trouver mon attitude un peu cavalière… Mais je vous fais part de ma perspective : j’ai atteint mon maximum et depuis le sommet, je ne vois point de fuite. Je préfère prendre la tangente, pile avant de perdre la face !
Voilà pourquoi je formule l’hypothèse qu’il est peut-être temps que je me thèse et mette fin à cette petite démonstration, durant laquelle vous avez pu voir à quel point j’apprécie le second degré. Pour un prof de maths, à défaut d’être suffisant, c’est au moins une condition nécessaire !